Son nom sera encore lié pour longtemps à la série Touch (Théo ou la batte de la victoire) dont elle a chanté presque tous les génériques entre 1985 et 1987. Mais Yoshimi Iwasaki n’a jamais cessé de surprendre son public au travers de ses multiples talents, que ce soit le chant, la comédie, la narration ou le théâtre.
C’est avec une très grande gentillesse qu’elle a accepté de nous rencontrer dans un café à Tokyo. Elle nous parle bien sûr de Touch, mais aussi de sa carrière et de la France, un pays qu’elle affectionne tout particulièrement.
L’interview
Quand vous avez débuté dans la chanson, votre sœur vous avait précédée et possédait déjà une certaine notoriété. Est-ce que ce fut difficile de vous lancer à votre tour ?
Je dirais que cela m’a aidé pour me faire connaître auprès des producteurs. Comme j’accompagnais parfois ma sœur, j’ai reçu de nombreuses propositions car on voulait absolument me recruter. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir ces opportunités, c’est forcément un énorme avantage.
En revanche, lorsque j’ai débuté, j’étais sans cesse comparée à ma sœur qui avait déjà plusieurs succès à son actif. Généralement, lorsque quelqu’un arrive dans ce milieu, il sera comparé à d’autres chanteurs et chanteuses de la même génération. C’est cet aspect-là qui fut le plus difficile pour moi.
Comment ont réagi vos parents lorsque vous leur avez annoncés que vous souhaitiez être chanteuse à votre tour ?
Mon père y était totalement opposé ! Il disait que c’était stupide d’avoir deux personnes aussi proches dans le même secteur, qu’on allait se mettre des bâtons dans les roues. D’ailleurs, lorsque j’ai décidé de me lancer, je lui ai promis de ne pas faire de chanson. Pourtant, je m’étais bel et bien engagée à faire un disque en signant avec mon agence. La suite, on la connaît : un premier 45 tours est sorti deux ans plus tard (rires) !
Vous êtes-vous déjà demandée ce que vous auriez fait comme travail si vous n’aviez pas été chanteuse ?
Lorsque j’étais enfant, je voulais devenir hôtesse de l’air ! Je prends souvent l’avion, notamment lorsque je viens à Paris. Quand j’observe le personnel naviguant, je me dis que j’aurais peut-être encore l’occasion de réaliser ce rêve…
Vous avez enregistré le générique de Touch en 1985. Aviez-vous déjà reçu auparavant des propositions pour interpréter un anisong ?
Non, c’était la première fois. En revanche, j’avais eu l’occasion de rencontrer l’auteur, Mitsuru Adachi, et j’avais lu certains de ses manga comme Hi Atari Ryôko (Une vie nouvelle). J’aime beaucoup ses œuvres, en particulier sa façon d’écrire des scènes sans dialogues, avec des moments de silences qui sonnent juste. Je trouve également adorable l’univers de ses histoires. Aussi, lorsque l’on m’a proposé de faire le générique de Touch, j’étais ravie !
Aujourd’hui encore, je suis régulièrement invitée à la fête de fin d’année de l’éditeur Shôgakukan et je revois toujours M. Adachi avec grand plaisir à cette occasion.
Avez-vous senti une différence dans votre carrière avant et après cette chanson ?
Auparavant, les fans que j’avais étaient uniquement ceux de ma génération. Dès que la série Touch a été diffusée, même des enfants allant à l’école primaire me demandaient des autographes !
Je n’aurais jamais imaginé une telle répercussion. La série a beau avoir plus de 30 ans maintenant, grâce aux rediffusions qui sont encore régulières, même les plus jeunes la connaissent et l’apprécient. Ce succès a considérablement élargi mon public.
La chanson Touch est composée par Hiroaki Serisawa (qui a aussi signé l’ensemble des musiques). Connaissiez-vous déjà son travail ?
Non, c’était la première fois que je travaillais avec lui. En revanche, j’avais déjà collaboré avec le parolier (Kan Chinfa, NDR).
Vous a-t-on donné des directives particulières pour interpréter cette chanson ?
À l’époque, c’était à la mode de doubler sa voix pendant l’enregistrement. C’est ce que j’ai fait sur l’ensemble des chansons de Touch. De plus, ça renvoyait à l’idée que, dans la série, les personnages principaux étaient deux jumeaux. Bien sûr, je ne le fais plus maintenant, lorsque je les chante à la télévision ou en concert !
Quelle est votre chanson de Touch préférée ?
C’est Seishun (second générique de fin, présent sur les épisodes 28 à 62, NDR).
Pourquoi après Touch, n’avez-vous plus chanté aucun anisong ?
J’avais demandé à pouvoir interpréter les génériques de Hi Atari Ryôko (Une vie nouvelle), série qui a été diffusée au Japon juste après Touch, mais les producteurs ne m’ont finalement pas sollicitée.
À la fin des années 1980, vous mettez votre carrière de chanteuse en retrait pour vous consacrer au tournage de drama, au théâtre et vous participez même à une comédie musicale. Pourquoi ?
Je ne saurais pas dire ce qui a déclenché ce choix, mais j’ai apprécié le travail d’équipe, d’être entourée d’autres artistes. Être une chanteuse est finalement une activité très solitaire. Ce fut vraiment une très belle expérience.
Vous revenez à la chanson en 1999 avec un album de pop française des années 1960-1970. Qu’est-ce qui vous plait dans cette musique ?
Tout d’abord, j’ai toujours été attirée par la France. J’avais fait de nombreux voyages, même si je ne savais dire que « bonjour » en français ! J’ai notamment découvert les chansons de Jane Birkin. Certes, elle n’est pas française, mais elle vivait avec Serge Gainsbourg et chantait en français. J’ai alors commencé à placer une chanson française dans mes concerts, un titre intitulé Tout est bleu (du duo français electro pop Âme Strong S.A., NDR). On m’a alors poussée à en mettre d’autres dans mon répertoire et j’ai décidé alors d’apprendre la prononciation. Si je m’engageais vraiment dans cette voie, je voulais le faire bien. C’est à ce moment que j’ai commencé à prendre des cours. Puis, j’ai fait alors d’autres reprises (Comment te dire adieu, Comme l’oiseau…).
Quels sont les artistes français connus au Japon ?
Danièle Vidal est très populaire (chanteuse française ayant connu une énorme carrière au Japon dans les années 1970-80, NDR), mais aussi Serge Gainsbourg, Charles Trenet (à travers le morceau Que reste-t-il de nos amours ?), Michel Legrand avec ses chansons de films comme Les Parapluies de Cherbourg.
Venons-en à votre attrait pour la France. Votre label s’appelle Merci Beaucoup et vous avez même enregistré une version française du générique de Touch (Touché) en 2007. Qu’aimez-vous chez nous ?
J’aime beaucoup les sonorités de la langue qui permettent, bien plus que le japonais, d’avoir des sons très hauts.
Êtes-vous déjà venue souvent en France ?
Bien sûr, très souvent ! J’étais encore à Paris pendant six jours il y a seulement deux semaines !
Avez-vous eu déjà l’occasion de vous produire chez nous ?
Non, mais j’adorerais ! Je fais parfois des duos avec un ami guitariste et c’est quelque chose qui nous plairait énormément. J’ai récemment croisée Yôko Takahashi (interprète d’Evangelion, NDR) qui m’a racontée qu’elle se produisait dans des conventions un peu partout dans le monde. Si un jour on m’invite, je viens tout de suite (rires) !
Saviez-vous que Touch était passé à la télévision en France ?
J’ai appris cela il y a quelques années, mais je crois que la chanson est différente, n’est-ce pas ? J’aimerais un jour que la série soit rediffusée avec mes génériques.
Quelle est votre actualité ?
Je vais bientôt fêter mes 40 ans de carrière ! En octobre, j’ai commencé par faire un petit showcase dans un restaurant, mais un grand concert anniversaire est programmé pour juin 2020. Un CD est également prévu, je suis en train de l’enregistrer.
Interview réalisée en octobre 2019 par Olivier Fallaix
Un grand merci à Nicolas Durand pour son aide et pour la traduction, ainsi qu’à Xavier Martinez.
Site officiel de Yoshimi Iwasaki
Mon petit journal – Le blog de Yoshimi
Podcast ANISONG #69 consacré à Yoshimi Iwasaki :