Sandra Kim : il était une fois… sa vie !

C’est en 1986 qu’elle a interprété le générique d’Il était une fois… La Vie, quelques mois seulement après avoir remporté le célèbre concours de l’Eurovision avec le tube J’aime la vie. Si pour beaucoup, en France, la carrière de Sandra Kim a malheureusement été souvent réduite à ces quelques titres, il n’en est rien dans son pays natal, en Belgique. C’est à l’occasion de sa tournée Bella Italia que nous avons pu approcher cette grande vedette de la variété francophone et internationale !

 

L’interview

Quand et comment es-tu devenue chanteuse ? Quels souvenirs gardes-tu des enregistrements de tes premiers 45 tours (Souviens-toi, Ami-Ami, Tokyo Boy...) ?
Mon père Giuseppe (Caldarone, le nom “Kim” étant un pseudonyme, NDR) était musicien. Il avait un groupe dans les années 1960 et jouait de la basse et de l’accordéon – comme tout bon italien – et en joue d’ailleurs encore tous les jours ! Dans les années 1980, mon parrain et oncle m’a poussée à chanter, sans jamais m’obliger. Il m’a donné cette envie et m’a toujours soutenue, tout en sachant que je ne voulais pas en faire un métier. Pour moi, c’était plutôt une passion, mais en gagnant l’Eurovision, j’ai eu un tout autre destin… malheureusement ! Je chantais déjà depuis toute petite et j’écoutais toujours de la musique à la maison. Mon premiers concours remonte à 1981, sans interruption jusqu’à l’Eurovision en 1986. En ce qui concerne mes 45 tours, j’ai une certaine tendresse pour certains, d’autres pas…

Le 3 mai 1986, tu remportes le Concours Eurovision de la Chanson à Bergen (Norvège) en représentant la Belgique avec J’aime la vie ! À seulement 13 ans et demi, tu restes la plus jeune gagnante de toute l’histoire du concours. Comment est née cette chanson qui nécessite une tessiture très aiguë ?
Désolée de te décevoir, mais dès la première écoute, j’ai directement détesté cette chanson… Je trouvais qu’elle montait beaucoup trop haut, même si j’arrivais à l’interpréter grâce à mon timbre de voix. J’ai tout de suite dit à mon équipe : « Je ne chante pas ça, ce n’est pas mon genre ». Mais comme on ne m’écoutait pas vraiment à l’époque, je me suis pliée aux exigences de mon ex-producteur. Toute la délégation belge y croyait très fort et dans mon fort intérieur, j’y croyais aussi secrètement. Par contre, on ne s’attendait pas à un tel succès.

La même année, tu participes au Yamaha Tokyo Festival durant lequel tu finis quatrième, à égalité avec l’Italien Eros Ramazzotti. Vous partez alors en tournée à travers le Japon. Qu’en retiens-tu ?
Comme tu peux l’imaginer, c’était « excellent » ! J’en garde un chouette souvenir. Le Japon est un pays magnifique avec une culture bien à eux. Je n’y suis plus jamais retournée depuis et, évidemment, partager tous ces moments avec Eros qui était une de mes idoles, que demander de plus ?

Quelques mois plus tard, tu es contactée pour interpréter le générique du dessin animé Il était une fois… La Vie, composé par Michel Legrand. As-tu rencontré Albert Barillé, le créateur de la série, ainsi que Michel Legrand ?
Tu mentionnes Albert Barillé, mais je ne le connais pas. Je n’ai pas souvenir de l’avoir vu. Quant à Michel Legrand, je me rappelle qu’il était très professionnel, très strict et très méthodique. Pourtant, je me suis quand-même sentie à l’aise, moins impressionnée que je ne le pensais. Il m’a dit que j’étais très douée et que j’apprenais vite. Nous avons enregistré au studio du Palais des Congrès, à Paris.

T’a-t-on donné des consignes particulières pour chanter ce morceau intitulé Hymne à la vie ? Inutile de dire qu’on a pensé à toi pour ce lien évident avec « la vie »…
Aucune indication, j’ai chanté comme s’il s’agissait d’une de mes propres chansons habituelles. J’ai évidemment été très fière d’interpréter ce titre. Michel avait entendu J’aime la vie. Sachant que j’étais à l’aise dans les aigus, il m’a choisie pour cette raison. La preuve, Hymne à la vie est aussi très haut perché.

Combien de temps a duré l’enregistrement ? Que penses-tu de ce générique de dessin animé ?
Tout était en boîte en une heure ! C’est un générique qui est très fort. La preuve en est qu’on l’a toujours gardé tel quel après toutes ces années !

Comment se fait-il que le 45 tours n’a été édité principalement qu’en Belgique , restant aujourd’hui encore une rareté quasi introuvable en France ?
Je ne saurais pas répondre à cette question, j’étais trop jeune à cette époque. Je crois me rappeler qu’il y a eu beaucoup d’histoires entre Claude Carrère et mon ex-producteur Marino (Atria, NDR)… Mais je confirme que le disque était trouvable en Belgique.

Ta carrière a ensuite continué avec des dizaines de singles, plusieurs albums (dont certains Disques d’Or). Tu as voyagé et fait des tournées de nombreux pays (Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg, France…). Quelles sont tes plus belles rencontres professionnelles ?
C’est vrai que j’ai eu la chance, depuis ma victoire, de voyager énormément. Le fait de pouvoir chanter devant la famille royale belge fut un honneur pour moi (étant donné que je suis royaliste). Mes plus belles rencontres professionnelles sont, par exemple, avec Eros Ramazzotti (dont je suis fan absolu), mais aussi avec Michel Drucker, Nikos Aliagas ou Laurent Gerra, que j’apprécie beaucoup ! Des personnes connues, j’en ai beaucoup rencontrées avec qui j’ai partagé de bons moments, mais je ne saurais pas toutes les citer…

En 1997, tu collabores entre autres à la comédie musicale Les Misérables à travers le rôle d’Eponine durant plusieurs mois à Anvers. Peux-tu nous en toucher quelques mots ?
J’ai tout simplement été choisie par le metteur en scène, sans faire de casting. Avec deux fois plus de pression, Les Misérables reste un de mes plus beaux souvenirs dans ma carrière. Et tout ceci représente beaucoup de travail, comme tu peux bien l’imaginer…

Tu as même été amenée à animer, en tant que chroniqueuse, des émissions musicales à la radio puis à la télévision belge ? Tu te souviens comment c’est arrivé ?
Ce n’est pas une question facile ! Tout cela date et j’ai justement une mauvaise mémoire pour les dates ! En ce qui concerne l’émission télévisée Pour la gloire (prémisse de The Voice en Belgique, NDR) pour la RTBF, on m’a contactée pour être jurée et j’ai adoré le faire ! Pour l’émission 10 qu’on aime, c’est RTL-TVI qui m’a appelée pour la présenter comme chroniqueuse en duo avec Alain Simons et puis George Lang sur Vivacité pareil ! J’en garde de très bons souvenirs et de belles rencontres.

À l’occasion de tes 30 ans de carrière, tu as été sollicitée par Claude Rappé, ancien présentateur sur RTL-Télévision aujourd’hui écrivain, qui t’a proposé de raconter tes souvenirs dans un ouvrage, Si j’avais su. Comment s’est déroulée cette collaboration ?
Ce n’est pas Claude qui m’a contactée, mais l’inverse. Je planifiais depuis quelques années d’écrire un livre. Claude Rappé avait une bonne plume, j’ai tout de suite pensé à lui. La collaboration s’est très bien passée, nous nous sommes vus pendant une semaine. Le fait de replonger dans mes souvenirs (bons et moins bons) était bénéfique pour moi, d’un point de vue « psychologique »… Le résultat fut tel qu’on a beaucoup parlé de ce livre ici, en Belgique, et qu’il a été traduit dans les deux langues : français et néerlandais.

Avec deux musiciens, Marco Z et Bejir (Meneti) Memeti, tu imagines un nouveau projet : Bella Italia. Le succès est immédiat et tu pars en tournée en 2019. Le choix de chanter en italien, est-ce parce que c’est ta seconde langue maternelle ? Combien de langues parles-tu d’ailleurs ?
Bella Italia est un concept qu’on m’a proposé avec ces deux chanteurs. L’originalité de ce spectacle, c’est que tous les musiciens et chanteurs sont italiens. Donc, oui, je suis d’origine italienne et je parle cette langue. D’ailleurs, nous sommes toujours occupés avec ce show à travers la Flandre qui fonctionne bien. Je parle quatre langues : italien, néerlandais, anglais et français. 

Tu es retournée en Norvège pour interpréter J’aime la vie. Aimerais-tu venir chanter ce titre qui a propulsé ta carrière et d’autres sur scène en France ?
Au moins une fois tous les deux ans, je suis en Norvège pour tel ou tel événement et cela me fait plaisir. Je suis rarement venue chanter en France, mais si on m’invite, je viendrai avec grand plaisir !

As-tu déjà eu l’occasion de chanter sur scène en Belgique le générique d’Il était une fois… La Vie ?
Je n’ai chanté qu’une seule et unique fois ce générique et c’était en studio, quand on l’a enregistré ! Ce fut la dernière fois et je préfère qu’il en soit ainsi. Il faut garder l’authenticité de cette chanson, chantée par une petite fille. Aujourd’hui, je ne souhaite pas l’interpréter où que ce soit. 

Quel effet cela te fait de savoir que ce générique de dessin animé est devenu culte auprès de plusieurs générations d’enfants devenus grands ?
Je ne suis jamais « que » l’interprète de cette chanson. Je ne suis à la base du succès de ce dessin animé. Bien sûr, cela me fait plaisir, mais sans plus…

Peux-tu nous dire deux mots sur ton dernier album, Make Up sorti en 2011. Pourquoi ce titre ? As-tu d’autres projets ?
C’est une idée de mon maquilleur, David Jeanmotte, car il m’avait super bien maquillée. La photo de la pochette du CD était tellement top qu’on l’a décidé de l’appeler ainsi. Je suis très fière de cette album, qui a été composé par de grands noms de la scène belge.
J’ai pas mal de projets en tête, mais tu sais, en Belgique, ce n’est pas facile de faire des disques surtout dans mon cas. J’ai toujours cette étiquette « Eurovision » et les gens des firmes de disques ne se bousculent pas à ma porte… L’envie est là, évidemment, mais on signera plus facilement un jeune chanteur qui vient de sortir d’une télé réalité que moi que l’on considère –enfin certains – comme « Has been »… Je préfère faire des concerts à thèmes, seule ou accompagnée par d’autres artistes !

Enfin, as-tu un message à faire passer à ceux qui te suivent depuis la France ?
Mes fans français ont toujours été présents après toutes ces années. Je reçois énormément de messages sur mes réseaux sociaux. Je les remercie de m’être restés fidèles !

Interview réalisée le 13 avril 2020 par Rui Pascoal
Remerciements et crédit photos : Gilles Charlier

Site officiel de Sandra Kim 

 


Retrouvez d’autres anecdotes sur les chansons de dessins animés dans le livre La Belle histoire des génériques télé, par Olivier Fallaix et Rui Pascoal !

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