Disparition de Michel Legrand

Le grand compositeur Michel Legrand nous a quitté. On le connaît surtout pour ses bandes originales de grands films français comme Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, Peau d’Âne, mais aussi américains lorsqu’il signe la musique de L’Affaire Thomas Crown en 1968, puis Un été 42 ou Yentl (tous les trois récompensés par un Oscar).

Il était une fois… Michel

Son incursion dans le monde de l’animation est finalement assez minime, au regard de l’œuvre immense qu’il laisse derrière lui. Cependant, impossible de passer à côté de la saga Il était une fois… créée pour la télévision par Albert Barillé. Contrairement à ce que l’on imagine, il n’intervient pas sur la première série, Il était une fois… L’Homme. Faute de budget, les musiques sont en réalité produites au Japon (par Yasuo Sugiyama). Mais après son succès mondial, Albert Barillé peut enfin s’offrir les services de Michel Legrand lorsqu’il produit Il était une fois… L’Espace en 1982. Les grands moyens sont déployés et près de deux heures trente de musiques sont enregistrées par un grand orchestre big bang. La plupart de ces thèmes seront ensuite réutilisés, jusqu’à aujourd’hui. Car Michel Legrand réitère sur Il était une fois… La Vie en 1986 et devient finalement le compositeur attitré de la saga jusqu’à Il était une fois… Notre Terre (2008).

Toujours pour la télévision, Michel Legrand a écrit en 1971 le générique de Oum le dauphin blanc (avec Vladimir Cosma) qu’il interprète également. Côté cinéma, il signe en 1976 la bande originale du film La Flûte à Six Schtroumpfs, première adaptation sur grand écran des personnages de Peyo. Puis, en 1979, Jean Image lui confie les musiques des Fabuleuses Aventures du Légendaire Baron de Münchausen. Enfin, en 1995, on le retrouve sur Le Monde est un Grand Chelm, long métrage au succès modeste, rebaptisé par la suite Aaron et le Livre des Merveilles.

Signalons aussi que Michel Legrand a travaillé pour le Japon, d’abord sur le film de Lady Oscar réalisé en 1979 par Jacques Demy, mais aussi en 1978 sur le long métrage Hi no Tori – Renmei Hen (The Phoenix – Chapter of Dawn), une adaptation live du manga d’Osamu Tezuka par Kon Ishikawa, comportant quelques séquences d’animation.

Le grand musicien

Son père était compositeur, sa mère la sœur d’un chef d’orchestre ! Michel Legrand a baigné dans la musique dès son enfance et il entre au Conservatoire de Musique de Paris dans les années 1940. Mais lorsqu’il découvre le jazz, il se détache rapidement de cet enseignement académique, au grand damne de celle qui lui enseigne les bases, Lucette Descaves. À seulement 19ans, il commence déjà à écrire des arrangements et c’est son père qui le présente auprès des chanteurs populaires de l’époque (Maurice Chevalier, Henri Salvador, Edith Piaf, Zizi Jeanmaire…). Dans les années 1950, il sort en son nom un album de jazz revisité, I Love Paris, qui lui apporte une première notoriété internationale.

L’arrivée de la Nouvelle Vague dans les années 1960 l’amène vers le cinéma. En travaillant avec Agnès Varda, Jean-Luc Godard et Jacques Demy, il renouvelle l’approche de la musique de film et créé le style des comédies musicales à la française. Enfin, c’est grâce à son amitié avec Quincy Jones et Henry Mancini qu’il est introduit à Hollywood. On lui donne carte blanche pour créer la musique de L’Affaire Thomas Crown dont le premier montage ne satisfait pas le producteur. L’Oscar qu’il obtient pour la chanson Les Moulins de mon cœur lui ouvre ensuite les portes des plus grands studios américains et bien au-delà.

Doté d’une forte personnalité, d’un style musical inimitable, Michel Legrand nous laisse en héritage des centaines de mélodies. Il s’est éteint le 26 janvier 2019 à l’âge de 86 ans.